L’association Philosphères propose pour sa 4è édition Des mots dans les arbres, trois journées festives (10, 11 et 12 juillet 2019) Place Dormoy à Bordeaux autour de “ L’éloge des langues”
Un projet labellisé par le Centre national du livre dans le cadre de Partir en livre.
« Les limites de mon propre langage signifient les limites de mon propre monde. » L. Wittgenstein
« On peut, si on veut, ramener tout l’art de vivre à un bon usage du langage. » S. Weil
Les enfants (4-12 ans) sont invités à participer gratuitement :
Mercredi 10 juillet 2019 de 14 h. à 17 h. : Ateliers philo’, peinture, argile , musique et jeux de langage Espace lecture + Espace jeux libres
La nouvelle mascotte de Des mots dans les arbres !
Jeudi 11 juillet 2019 de 14 h. à 18 h. : Ateliers philo’, peinture, argile , musique et jeux de langage Espace lecture ouvert à tous + Espace jeux libres de 18 h. à 21 h. Apéro – Jeux de mots avec le collectif Fosforizo + Réflexion des mots pour les arbres
Calligraphie avec Ludwige du Collectif Fosforizo
Parce que la langue c’est aussi le corps, danse grecque avec le Collectif Fosforizo
Vendredi 12 juillet 2019 de 14 h. à 19 h. :
Espace lecture + Espace jeux libres + Stand de la Librairie du Contretemps
14 h. 30 : Spectacle à partir de 3 ans Français/Occitan La compagnie du Parler noir, Isabelle Loubère « Contes qui font peur… La langue de la lande » + Bord de scène animé par Florence Louis, médiatrice en philosophie
Ateliers arts plastiques
Jeux, danse et librairie avec L’Ostau Occitan – Institut d’Etudes Occitanes de la Gironde
Isabelle Loubère
de 19 h. à 21 h. : BAL OCCITAN avec ALENADA à partir de 20 h : Repas réunionnais « Rougail-saucisses » avec le Petit Grain réservation au 0980431638 de 21 h. à 23 h. : BAL CREOLE avec Trio Rudy Music
Alenada
Bal trad’
Trio Rudy Music
Merci à tous les bénévoles de l’association pour cette quatrième édition rondement menée ! Merci aux associations et institutions partenaires
Atelier philo’terre à la maison écocitoyenne de Bordeaux
Adultes et enfants sont invités à une réflexion sur la démesure de la consommation, les déchets et la réinscription du monde dans les cycles de la nature. Les débats s’accompagnent d’une activité de création en argile, qui ouvre sur la sensation, le maniement de la matière naturelle et l’imagination. Philosophe en herbe et petites âmes d’artistes sont les bienvenus ! A la Maison du patrimoine naturel du Créonnais à Sadirac (33) gratuit, à partir de 6 ans, le dimanche 12 janvier 2020 de 15h à 17h
Rendez-vous le 22 mai de 14 heures à 17 heures à la Bibliothèque Saint-Michel des Capucins pour un atelier philo’art autour de la liberté, dans le cadre de la Fabrique du citoyen #4 ! Après une réflexion philosophique sur la liberté basée sur des œuvres d’art, création de tracts mettant en avant la liberté, dans toutes ses formes. Atelier ouvert aux enfants de 8 à 12 ans, réservations au 0556911879, animé par Florence Louis et l’artiste plasticien Victor Cornec.
Nous proposons un ciné-philo autour du magnifique film d’animation Funan, de Denis Do, sorti en salle le 6 mars 2019
Esthétiquement et émotionnellement puissant, Funan est un film d’animation profondément humaniste, qui a remporté le Cristal d’or à Annecy, avant de faire une razzia sur l’ensemble des festivals du monde entier. Le récit se déroule pendant la prise de pouvoir puis le gouvernement génocidaire des Khmers rouges au Cambodge. Il nous interroge, avec force et délicatesse, sur la situation des hommes aux prises avec l’Histoire, leur capacité de résistance, les liens familiaux, la mémoire, l’hommage aux morts, l’exil, la culture comme rempart contre la destruction du monde…
Le film se déroule durant trois années effroyables (avril 1975-janvier 1979) au cours desquelles la population cambodgienne a été déportée, coupée de tout enracinement, enrôlée dans son ensemble dans une politique qui visait la création d’un monde neuf, retour au mythe originel du premier royaume de Funan. Les dirigeants khmers rouges, marxistes influencés par Staline comme par Mao, ont mis en place une terreur idéologique et policière, perpétuant un génocide et causant une famine structurelle.
Hannah Arendt : « le régime totalitaire est irréductible au despotisme »
Il nous semble intéressant de revenir sur la notion de totalitarisme, phénomène qu’Hannah Arendt a conceptualisé dans Les origines du totalitarisme (1951). Le totalitarisme bouleverse le rapport du régime à la société et la conception de l’État. Tout système totalitaire diffère des autres formes d’oppression politique (despotisme, tyrannie, dictature). Le champ de l’activité de l’État devient « total », et en conséquence l’autonomie du corps social disparait. C’est l’idée même d’autonomie qui se voit niée, soit la volonté d’ « en finir avec l’existence autonome d’absolument n’importe quelle activité (…), une domination permanente de tous les individus dans toutes les sphères de leur vie. »
L’Etat totalitaire se caractérise également par l’indifférence à l’égard du droit positif (constitution, lois en vigueur), par le fait qu’il ignore tout simplement cette référence, jugée dépassée. L’Etat ne trouve sa légitimité que dans son idéologie, « une idée qui permet d’expliquer le mouvement de l’histoire comme un processus unique et cohérent ». Il se confond également avec le parti.C’est la nature même de l’homme qui est attaquée par le totalitarisme : Arendt refuse de poser une essence de l’homme qui serait immuable. Son humanité tient en ses conditions d’existence : les détruire le plonge dans la désolation.
La domination totalitaire « se fonde sur la désolation, sur l’expérience d’absolue de non-appartenance au monde, qui est l’une des expériences les plus radicales et les plus désespérées de l’homme. »
Funan c’est l’histoire d’une famille. D’une femme. Ma mère. Ce film raconte ses sacrifices, ses déchirures et sa survie sous le régime Khmers rouges. Par ce récit, je souhaite aborder les émotions, les relations. Explorer la complexité des rapports humains dans un contexte extrême d’oppression. Il ne sera pas question de bien et de mal. Le film nous plonge dans la vie de gens normaux, épuisés par la souffrance. Il ne juge pas, ne blâme pas, mais essaie de comprendre et de faire comprendre. Car c’est bien le premier pas d’un long chemin vers le pardon. Nous n’avions pas l’intention de parler du contexte politique de l’époque, de faire de ce film un cours d’Histoire. Certes, des éléments sont intégrés, cités et exprimés, participant à la lecture du film. Mais dans l’ensemble, les informations historico-politiques restent succinctes. La documentation sur cette époque existe et ce film pousse à s’y intéresser.
Un film, n’est-ce pas aussi une porte entrebâillée qui invite à être poussée? Pour ma part, ce film est complètement ancré dans ma démarche de recherches sur le passé. Il me permet de uestionner une mémoire que j’ai fantasmée ou rejetée. Le fait de savoir qu’on est, d’une certaine façon, le produit de ce genre d’événement, apporte forcément son lot de questionnements et de remises en question. J’évite volontairement le terme « traumatisme » que je trouve dur à porter. Il y a une forme de culpabilité de ne pas avoir vécu cela avec les siens. Funan m’a permis de reconstruire des personnages et leur vie à partir du témoignage de ma mère. Cette démarche créative m’a fait entrer dans les personnages pour vivre un peu avec eux tout ce qu’ils ont traversé. J’ai choisi l’animation car j’en suis passionné. Je préfère également voir le personnage de ma mère interprété par le dessin, plutôt que par une véritable comédienne. L’animation signifie également pour moi plus d’universalité. L’héroïne de Funan est cambodgienne, mais avant tout et surtout, une femme. Une mère. L’animation est un médium idéal pour captiver le public en lui offrant du recul par rapport à la réalité. Le film est réaliste tout en préservant un espace pour l’interprétation. Subtilement, il provoquera, évoquera.
Après avoir bénéficié d’ateliers autour du langage et du théâtre d’objet, les élèves ont assisté à une représentation du nouveau spectacle de la Compagnie des Cailloux sauvages : « Le silence tiré par la manche ». S’en sont suivis des ateliers à visée philosophique, visant à mettre des mots sur les émotions suscitées par cette fable onirique, portée par une comédienne seule en scène, Isabelle Florido. Elle interprète des enfants, perdus dans l’océan du monde des adultes dont la présence alentour n’est pas toujours réconfortante.
« Dessus : ce que l’on dit, ce que l’on montre, l’endroit du repas, du jeu, du bain, de la rencontre avec l’autre. Dessous : le spectateur devine un monde d’objets qui sont autant de compagnons d’aventure, une fantastique cachette, un monde imaginaire, un grenier, un refuge. »
C’est le mystérieux monde de l’enfance qui s’ouvre à nous, chatoyant, nuancé, entre cachette et « pestacle », entre silence et grands discours.
Comment fait-on pour grandir ? Que peut-on dire avec des mots ? Qu’est-ce qui reste indicible ? Que racontent de nous les objets ? Nommer, se nommer, désigner, répéter… C’est le jeu infini du sens, qui se tisse comme une trame.
Envahi par les émotions (le rire, la peur, la surprise, l’exaltation, la honte…) le spectateur suit cette histoire aux multiples méandres, réfugié dans une cabane, désemparé dans sa maison, moqué dans la cour, protégé sous un tissu… Petits et grands sursautent et se passionnent pour chaque péripétie, toujours savamment suggérée, suffisamment subtile pour que l’imagination de chacun soit mise à contribution.
Fruit d’un travail en résidence à Grandchamps-des-fontaines, ce spectacle est né d’un glanage de souvenirs et de mots auprès de personnes âgées, par Zaz Rosnet, créatrice de la compagnie. La scénographie signée Hannah Daugreilh est une merveille de poésie intimiste.
Gageons que les théâtres de France et de Navarre offriront un bel avenir à cette œuvre magnifique qui commence tout juste à vivre.
Labo-Philo
Une cueillette de questions philosophiques nées du spectacle aboutit au choix de deux problématiques , traitées en demi-groupe.
Exemples recueillis dans les écoles de Gironde :
Qu’est-ce que la vie imaginaire ?
Peut-on vouloir changer de monde ?
« L’imaginaire c’est un espace vide qu’on remplit avec tout ce que l’on veut : des personnages, des légendes, des histoires… Sans la vie imaginaire, la vie réelle serait banale ! » Lili
Pourquoi devient-on violent ?
A quoi servent les langues ?
« Quand il y a de la violence, il faut aller le dire, sinon cela ne s’arrête jamais. » Noé
Le théâtre invente t-il ou raconte t-il la vie réelle ?