« Dostoïevski a inséré dans Les Frères Karamazov un chapitre qui fait apparemment figure de bloc erratique, mais qui en réalité fournit la clef du roman tout entier. L’auteur imagine que le Christ revient sur terre à l’époque la plus terrible de l’Inquisition, et se montre au peuple souffrant et misérable de Séville. Silencieux, il passe au milieu de la foule, bénit les malheureux et accomplit des miracles. Mais voici que passe le vieux Cardinal, Grand Inquisiteur : il donne à ses sbires l’ordre d’arrêter le Christ et de le jeter en prison : le peuple, habitué à obéir en tremblant, s’écarte et laisse faire. Pendant la nuit, le Cardinal va trouver son illustre prisonnier dans sa geôle et lui explique qu’il n’a. pas le droit de déranger l’ordre établi. L’Eglise a compris que la masse n’était pas capable de vivre la liberté proclamée par Le Christ ni de pratiquer la sainteté exigée par la religion d’amour. Seule une élite en est capable. Pour la masse, une autre formule a été trouvée : à la place de la liberté on a mis l’autorité ; le peuple a du pain, des plaisirs, il est tranquille et content. Le captif, qui a écouté en silence, se lève, s’approche du prélat, dont il baise les lèvres exsangues, puis se perd dans les ténèbres de la ville. » (Raymond Willing)
Une journée organisée par Philosphères dans le cadre de la Quinzaine de l’année de la coopération décentralisée FRANCO-RUSSE avec le soutien de Bordeaux Métropole et l’aimable accueil de la bibliothèque Mériadeck