Connecté ? Déconnecté ?

Elisabeth Bloch – Histoires de passages

« La loi de la conservation de l’énergie indique que nous ne pouvons rien obtenir pour rien, mais nous refusons de le croire. Isaac Asimov »

Mardi 9 octobre, c’est la rentrée pour le café philo de Salleboeuf !

Au menu ce soir au Café y vino : « Connecté ? Déconnecté ? », un sujet qui reprend des termes qui reviennent souvent dans les conversations, au point de supplanter d’autres couples de mots tels que relier/se délier, unir/désunir, attacher/détacher, enchaîner/déchaîner…

Le latin nexus, participe passé de necto porte la double signification d’union, d’enlacement et d’enchainement, d’emprisonnement. La connexion est donc l’action de lier et le résultat de cette action. A quoi nous mène l’action de se connecter ou de se déconnecter ? D’ailleurs qu’est-ce qui est connecté ? N’est-ce pas un abus de langage que de penser des personnes connectées, quand il s’agit d’objets ? Si le terme existe dès le XIVème siècle, c’est bien sûr avec l’omniprésence de la sphère technique que l’expression devient prépondérante. Nous nous connectons à des réseaux techniques qui forment un gigantesque système.

Plusieurs problèmes sont soulevés et débattus :

  • Si la nature elle-même peut être pensée sur le modèle de la connexion, si nous pouvons imaginer que les arbres sont connectés entre eux, alors comment caractériser les liens entre les vivants ?
  • Le modèle de la connexion est-il pertinent pour penser l’humain et la société ? Uniformisation, cybernétique, contrôle de l’information sont impliqués dans cette manière de voir qui réduit le vivant dans son ensemble au quantifiable.
  • Comment penser une résistance incarnée, conviviale, à l’impératif de connexion ?
  • Le système technicien est-il neutre ou ambivalent ?
  • La situation de handicap souvent invoquée pour justifier l’acceptation de nouveautés techniques est-elle appropriée pour penser la condition humaine ? Au contraire n’est-elle pas symptomatique d’une vision dévalorisante, sous-tendant la nécessité de recherche d’innovation technique dans tous les domaines de la vie ?
  • L’emprisonnement, la captation par Internet de nos données, de notre attention, de notre temps remettent-ils en cause notre liberté ? Nos démocraties sont-elles suffisamment solides pour les garantir ?
  • Comment expliquer l’addiction provoquée par Internet ?
  • Quelles conséquences les pratiques numériques ont-elles sur les rapports sociaux, médiatisés par les écrans ? A quels réseaux avons-nous vraiment besoin d’être connectés ? Faut-il être connecté à tout ? Que traduit le fantasme d’une déconnexion périodique ?

Pour poursuivre la réflexion :

Bernard Charbonneau, Le sentiment de la nature, force révolutionnaire.

« Consommation numérique : la pompe à CO2 », La méthode scientifique, émission en ligne sur France culture

A bientôt, en chair et en os, au Café philo de Salleboeuf (33). Prochain rendez-vous le 13 novembre autour de la question : Sommes-nous des citoyens du monde ?