En quête des lucioles

Longtemps les étoiles nous ont servi de guides. Puis l’humanité a choisi de suivre les lumières de sa raison : sciences et techniques se sont alors développées au point que dans nos villes trop lumineuses, il devient difficile de contempler les étoiles. Qu’est-ce qui nous permet encore de voir clair ? Ne sommes-nous pas aveuglés ? Quelle est cette lueur qui parfois s’allume en nous et fait de chacun une luciole dans l’obscurité ?
De 8 à 12 ans
Samedi et dimanche à 16h – Durée 1h  – Accès libre dans la limite des places disponibles

Cap Sciences

Hangar 20 – Quai de Bacalan
33300 Bordeaux
Tel : 05 56 01 07 07

Un atelier proposé dans le cadre du Flash Festival, à partir de :

Des lucioles, G. Didi-Huberman, Amélie Jackowski, éd. l’initiale, 2017

La papote, Yannick Jaulin, Samuel Ribeyron, Didier Jeunesse,2015

La survivance des lucioles, G. Didi-Huberman, éd. de Minuit, 2009

Vocabulaire européen des philosophies, article « Lumière », éd. Seuil

« Au début des années soixante, à cause de la pollution atmosphérique et, surtout, à la campagne, à cause de la pollution de l’eau (fleuves d’azur et canaux limpides), les lucioles ont commencé à disparaître. Cela a été un phénomène foudroyant et fulgurant. Après quelques années, il n’y avait plus de lucioles. »Que signifie ce diagnostic que Pier Paolo Pasolini assène en 1975 dans son article« Le vide du pouvoir en Italie » ?

Qu’est-ce qu’une luciole ? A quel moment peut-on les voir ? Pourquoi disparaissent-elles ?

Que représentent ces lumières qui disparaissent ?

Que représente la nuit ?

Pourquoi faudrait-il préférer les lumières aux ténèbres ?

Y a t-il des humains qui s’opposent aux ténèbres ? Comment ?

Que veut dire « être pessimiste » ?

Comment devenir une luciole ?

Que représente le mouvement des Lumières, au XVIIIème siècle ?

Réfléchissons aux citations suivantes :

Diderot : « Égaré dans une forêt immense pendant la nuit, je n’ai qu’une petite lumière pour me conduire : ma raison.  Si je renonce à ma raison, je n’ai plus de guide. »

Lichtenberg : « A quoi peut donc bien servir toute la lumière que l’on voudra si les gens n’ont pas des yeux pour voir et s’ils en ont, les ferment à dessein ? »

Goethe : « Quoi donc ! La lumière ne serait là que lorsque vous la voyez ? Non ! C’est plutôt vous qui ne seriez pas là si la lumière elle-même ne vous voyait ! « .

Pierre Hadot : « Ce qu’il faut voir c’est ce qui nous fait voir : c’est la lumière qui est à l’origine de notre regard. »

Héraclite « les autres hommes ignorent ce qu’ils font après s’être réveillés, comme ils oublient ce qu’ils font lorsqu’ils dorment ».

 

 

Pourquoi se révolter ?

A partir de Thoreau, la vie sublime (A. Dan et Leroy, éd. Le Lombard), réflexion autour de la question de la révolte avec une classe de troisième du Collège Manon Cormier de Bassens (33).

La désobéissance civile

Première planche : Thoreau et un groupe d’abolitionnistes œuvrent à la libération d’esclaves. Rappel du contexte historique, l’esclavage, le commerce triangulaire, la société américaine divisée en classes antagonistes. Que faire quand la loi est du côté de la force ? Peut-il y avoir des lois injustes ? Pourquoi désobéir ? Que veut dire obéir ? Obéir à ses parents et obéir à des maîtres esclavagistes, est-ce la même chose ?

Il faut distinguer l’obéissance par contrainte et l’obéissance née d’une autorité naturelle : je suis l’autre parce que je reconnais qu’il me guide légitimement.

Quand ce que la loi m’ordonne me semble inacceptable, intolérable, que faire ? Désobéir prend la forme de la révolte, d’une injonction à ne pas accepter. Pourquoi ? Pour sauver ma vie, pour défendre des idéaux qui me sont chers : la liberté, l’égalité, la dignité humaine, les droits de l’homme… citent pêle-mêle les élèves.

La résistance par la violence

Deuxième planche : John Brown, le Spartacus blanc passe à l’action directe et au crime contre des pro-esclavages. Qu’est-ce qui caractérise son action et la différencie de celle de Thoreau ?  Violence et non-violence sont-elles du même ordre ? Le risque encouru n’est pas le même, la répercussion des actes non plus : libération d’esclaves dans un cas, terreur dans l’autre. La peur qui se répand chez les esclavagistes porte ses fruits puisque même Victor Hugo de sa retraite à Guernesey, lancera ses paroles le jour de la pendaison de John Brown :

« Oui que l’Amérique le sache et y songe, il y a quelque chose de plus effrayant que Caïn tuant Abel, c’est Washington tuant Spartacus. »

Mais n’y a t-il pas contradiction à tuer pour préserver la vie ? La parole peut-elle faire figure de révolte ? Quels exemples de révoltes non violentes portées par la parole ? Les discours de Martin Luther King contre la ségrégation, de JFK à Berlin, du Général de Gaulle le 18 juin 1940 : des mots qui rassemblent pour la libération des peuples.

Quelles questions philosophiques soulève cette histoire ?

  • Pourquoi prendre des risques ?
  • Pourquoi se rebeller ?
  • Pourquoi se révolter ?

« Parce que personne ne le fera à notre place » : se révolter c’est faire émerger un « je » d’une masse d’individus informe. Et du je, se faire entendre et passer au nous. Ce « nous » qui n’est pas un « on » et qui permet d’ancrer l’action au cœur de personnes libres et responsables.

Et vous, qu’est-ce qui vous révolte ?

Contre l’indifférence, la plainte ou même le conformisme,  chacun est appelé à entrer en résistance contre ce qui l’indigne, le révolte : « l’irrespect face aux professeurs », « le traitement infligé aux animaux », « l’injustice face à l’emploi », « le sort des sans-abri », « le réchauffement climatique », répondent les élèves. De belles raisons d’espérer que les jeunes prennent à bras le corps ces causes et les défendent, bien loin de la résignation.

 

 

Pour une philosophie enfantine

Quand le grand Karl Jaspers évoque la philosophie pratiquée par les enfants…

« Une petite fille fait une promenade ; à l’entrée d’une clairière, on lui raconte des histoires d’elfes qui y dansent la nuit. « Mais pourtant, ils n’existent pas… » On lui parle alors des choses réelles, on lui fait observer le mouvement du soleil, on discute la question de savoir si c’est le soleil qui se meut ou la terre qui tourne, on produit les raisons de croire à la forme sphérique de la terre et à son mouvement de rotation… « Mais ce n’est pas vrai, dit la fillette en frappant du pied le sol, la terre ne bouge pas. Je ne crois que ce que je vois. » On lui réplique : « Alors tu ne crois pas au bon Dieu, tu ne le vois pas non plus. » La petite semble interloquée, puis déclare résolument : « S’il n’existait pas, nous ne serions pas là. » Elle avait été saisie d’étonnement devant la réalité du monde : il n’existe pas par lui-même. Et elle comprenait la différence qu’il y a entre un objet faisant partie du monde et une question concernant l’être et notre situation dans le tout.
Une autre enfant va faire une visite et monte un escalier. Elle prend conscience du fait que tout change sans cesse, que les choses s’écoulent et passent comme si elles n’avaient pas existé. « Mais il doit pourtant bien y avoir quelque chose de solide. Je monte maintenant, ici, un escalier pour aller chez ma tante, ça je veux le garder. » Sa surprise et sa frayeur devant l’écoulement universel et l’évanescence de tout lui faisaient chercher à tout prix une issue.

 

Constituer toute une philosophie enfantine

En collectionnant des remarques de ce genre, on pourrait constituer toute une philosophie enfantine. On alléguera peut-être que les enfants répètent ce qu’ils entendent de la bouche de leurs parents et des autres adultes ; cette objection est sans valeur lorsqu’il s’agit de pensées aussi sérieuses. On dira encore que ces enfants ne poussent pas plus loin la réflexion philosophique et que, par conséquent, il ne peut y avoir là chez eux que l’effet d’un hasard. On négligerait alors un fait : ils ont souvent une sorte de génie qui se perd lorsqu’ils deviennent adultes. Tout se passe comme si, avec les années, nous entrions dans la prison des conventions et des opinions courantes, des dissimulations et des préjugés, perdant du même coup la spontanéité de l’enfant, réceptif à tout ce que lui apporte la vie qui se renouvelle pour lui à tout instant ; il sent, il voit, il interroge, puis tout cela lui échappe bientôt. Il laisse tomber dans l’oubli ce qui s’était un instant révélé à lui, et plus tard il sera surpris quand on lui racontera ce qu’il avait dit et demandé. »

Karl Jaspers, Introduction à la philosophie, 10/18, Plon, 1965

Philosphères se déprogramme à la Manufacture

 

affiche du film l'An 01

La Manufacture atlantique entre en déprogrammation… Deux semaines d’occupation du lieu par des artistes, des habitants, des associations pour reprendre l’envie de partager, discuter, entendre, voir et réfléchir. Dans une volonté de rebâtir notre lien au travail, Philosphères proposera plusieurs événements.

Toutes les infos LIvret deprogrammation 17nov 3dec 2017

Des rendez-vous

L’An 01 de Jacques Doillon : une cinétoile autour du travail

Le vendredi 24 novembre à 18 heures 30, un cinéphilo consacré à un film-culte des années 1970 : l’An 01, de Jacques Doillon, d’après Gébé.

Un arpentage pour célébrer André Gorz

Le samedi 25 novembre à 11 heures : un arpentage autour du livre d’André Gorz Ecologica, en partenariat avec l’UPB.

Inscription par mail : philospheres at leflog.net

 L’école buissonnière des élèves de Carle Vernet…

…occasion de philosopher ensemble autour du Planisphère du projet Ailleurs commence ici, de Jean-Emmanuel Belot.

  • Peut-être que le monde… à partir de l’ouvrage éponyme d’Alain Serreset Charlotte Fraser (éd. rue du monde) autour de la question « qu’est-ce que prendre soin du monde, des autres et de soi-même ? »

 

 

  • Qu’est ce qu’un monde ?, avec deux classes de Cycles moyens

La guérite des auteurs, laboratoire d’écriture chaque jour de 17 heures 30 à 19 heures en association avec Elsa Gribinski, libérera la plume de chacun, et pourquoi pas lui donnera voix dans le Laboratoire sonore de 14’33…

Un dispositif de cut-up permettra à chacun de laisser trace…

Et rappelez-vous : la Manufacture est ouverte à tous !