Du 17 septembre 2020 à juin 2021, rendez-vous à l’Athénée municipal de Bordeaux chaque jeudi hors vacances scolaires, pour un atelier consacré aux penseurs contemporains, avec une thématique centrale :
Pour une critique de la technique
Les contraintes liées au COVID 19 nous imposent un nombre de participants réduits par séance, à 12 personnes. Aussi nous proposons deux horaires pour ce même atelier : 14h et 15h30.
Les votes pour le budget participatif organisé par l’ARS se sont terminés en octobre 2020 et les votants ont majoritairement montrer de l’intérêt à notre projet dont l’actualité est brûlante, à l’heure du reconfinement : quelle place accordons-nous aux écrans dans nos vie? Comment s’en libérer ?
UN GRAND MERCI à toutes les personnes qui nous ont soutenu et ont voté pour notre projet « Les écrans et moi ».
Des ateliers pour questionner la digitalisation du monde
Des rendez-vous autour d’une série de trois ateliers pour discuter ensemble, en petit groupe, à Bordeaux, se sont déroulés à l’école des Menuts, au collège Aliénor d’Aquitaine et au Foyer maternel des Douves.
A bientôt, nous continuons les ateliers sur les écrans en bibliothèque, dans les collèges et les écoles et travaillons à un texte reprenant les principales conclusions de nos travaux.
En
ces temps particuliers, que chacun d’entre nous vit comme les autres
et pourtant de manière singulière, une invitation à s’interroger
sur soi-même pour vivre le présent.
Qu’est
ce que votre situation actuelle vous apporte d’inédit ?
Est-ce bénéfique ou non ?
De
quoi vous prive t-elle ? Est-ce bénéfique ou non ?
Vous
sentez-vous plus ou moins libre ? Par rapport à quoi ?
Quel
rapport avez-vous aux objets techniques ? Quelle place
prennent-ils dans la vie quotidienne ? Remplacent-ils ce dont
vous êtes privés ?
Quelle
relation entretenez-vous avec la Nature ? Quels
sentiments lui sont attachés ?
Comment
vous situez-vous par rapport au reste de la société ?
Cette place vous convient-elle ? Désirez-vous la modifier ?
Quel
rapport au temps vivez-vous ? Est-ce un rapport
renouvelé ? En quoi ?
Imaginez
vos réponses à la sortie de crise, telle que vous l’envisagez
aujourd’hui : en quoi les transformations dans votre
vie personnelle préparent-elles la vie après le confinement ?
Quels changements voulez-vous susciter ? Quels bouleversements
craignez-vous de subir ? Quelles peurs devez-vous affronter ?
Quelles graines avez-vous semé ?
Quelles
ressources intérieures pouvez-vous solliciter ? A quels
soutiens (relations aux autres, aux animaux, aux plantes,
philosophie, arts, religions, psychanalyse, pratiques
méditatives…) entendez-vous recourir en ce sens ?
Pour ouvrir la réflexion, nous vous proposons ces mots de l’écrivain Jack London
N’attendez pas paresseusement que l’inspiration vienne toute seule : courez-lui après en brandissant une massue, et même si elle vous échappe vous finirez par obtenir des résultats qui ressembleront de manière frappante à ceux que l’on obtient lorsque l’on est inspiré.
Travaillez tout le temps : faites connaissance avec la terre, l’univers, la force et la matière ainsi qu’avec l’esprit qui se manifeste à travers la force et la matière, qu’il s’agisse d’un asticot ou d’une divinité. Tout ceci pour dire qu’il faut travailler, se créer une philosophie de l’existence. Peu importe que cette philosophie soit erronée, pourvu qu’on en ait une.
Pour soutenir vos réflexions en ces temps de retraite imposée, Philosphères vous propose des extraits de textes de philosophes. A lire en prenant son temps, voire son dictionnaire !
Baudrillard : « cette altérité absolue, c’est le virus ! »
Jean Baudrillard
Si le Sida, le terrorisme, le krach, les virus électroniques mobilisent toute l’imagination collective, c’est qu’ils sont autre chose que les épisodes d’un monde irrationnel. C’est qu’il y a en eux toute la logique de notre système, dont ils ne sont que l’événement spectaculaire. Tous obéissent au même protocole de virulence et d’irradiation, dont le pouvoir même sur l’imagination est viral : un seul acte terroriste force à reconsidérer tout le politique à la lumière de l’hypothèse terroriste – la seule apparition, même statistiquement faible, du Sida, force à revoir tout le spectre des maladies à la lumière de l’hypothèse immuno-défective – le moindre petit virus qui altère les mémoires du Pentagone ou qui submerge les réseaux de voeux de Noël suffit à déstabiliser potentiellement toutes les données des systèmes d’information.
Tel est le privilège des phénomènes extrêmes, et de la catastrophe en général, entendue comme tournure anomalique des choses. L’ordre secret de la catastrophe, c’est l’affinité de tous ces processus entre eux, et leur homologie avec l’ensemble du système. C’est ça l’ordre dans le désordre : tous les phénomènes extrêmes sont cohérents entre eux, et ils le sont avec l’ensemble. Cela veut dire qu’il est inutile d’en appeler à la rationalité du système contre ses excroissances. L’illusion d’abolir les phénomènes extrêmes est totale. Ceux-ci se feront de plus en plus extrêmes à mesure que nos systèmes se feront plus sophistiqués. Heureusement d’ailleurs, car ils en sont la thérapie de pointe. Dans les systèmes transparents, homéostatiques ou homéofluides, il n’y a plus de stratégie du Bien contre le Mal, il n’y a plus que celle du Mal contre le Mal – la stratégie du pire. Ce n’est même pas une question de choix, nous la voyons se dérouler sous nos yeux, cette virulence homéopathique. Sida, krach, virus informatiques ne sont que la part émergée de la catastrophe, dont les neuf dixièmes s’ensevelissent dans la virtualité. La vraie catastrophe, la catastrophe absolue serait celle de l’omniprésence de tous les réseaux, d’une transparence totale de l’information dont heureusement le virus informatique nous protège. Grâce à lui, nous n’irons pas, en droite ligne, au bout de l’information et de la communication, ce qui serait la mort. Affleurement de cette transparence meurtrière, il lui sert aussi de signal d’alarme. C’est un peu comme l’accélération d’un fluide : elle produit des turbulences et des anomalies qui en stoppent le cours, ou le dispersent. Le chaos sert de limite à ce qui sans cela irait se perdre dans le vide absolu. Ainsi les phénomènes extrêmes servent-ils, dans leur désordre secret, de prophylaxie par le chaos contre une montée aux extrêmes de l’ordre et de la transparence. C’est déjà aujourd’hui d’ailleurs, et malgré eux, le commencement de la fin d’un certain processus de pensée. De même dans le cas de la libération sexuelle : c’est déjà le commencement de la fin d’un certain processus de jouissance. Mais si la promiscuité sexuelle totale se réalisait, ce serait le sexe lui-même qui s’abolirait dans son déchaînement asexué. Ainsi pour les échanges économiques. La spéculation, comme turbulence, rend impossible l’extension totale des échanges réels. En provoquant une circulation instantanée de la valeur, en électrocutant le modèle économique, elle court-circuite aussi la catastrophe que serait la commutation libre de tous les échanges – cette libération totale étant le véritable mouvement catastrophique de la valeur.
Devant le péril d’une apesanteur totale, d’une légèreté insoutenable de l’être, d’une promiscuité universelle, d’une linéarité des processus qui nous entraînerait dans le vide, ces tourbillons soudains que nous appelons catastrophes sont ce qui nous garde de la catastrophe. Ces anomalies, ces excentricités recréent des zones de gravitation et de densité contre la dispersion. On peut imaginer que nos sociétés sécrètent ici leur forme particulière de part maudite, à l’image de ces tribus qui purgeaient leur excédent de population par un suicide océanique – suicide homéopathique de quelques-uns qui préservait l’équilibre homéostatique de l’ensemble.
Ainsi la catastrophe peut-elle se révéler comme une stratégie bien tempérée de l’espèce, ou plutôt nos virus, nos phénomènes extrêmes, bien réels, mais localisés, permettraient de garder intacte l’énergie de la catastrophe virtuelle, qui est le moteur de tous nos processus, en économie comme en politique, en art comme en histoire.
A l’épidémie, à la contagion, à la réaction en chaîne, à la prolifération, nous devons à la fois le pire et le meilleur. Le pire, c’est la métastase dans le cancer, le fanatisme dans la politique, la virulence dans le domaine biologique, la rumeur dans l’information. Mais au fond tout cela est aussi partie du meilleur, car le processus de la réaction en chaîne est un processus immoral, au-delà du bien et du mal, et réversible. Nous accueillons d’ailleurs le pire et le meilleur avec la même fascination.
Jean Baudrillard, La transparence du mal, essai sur les phénomènes extrêmes, Galilée, 1990
Anne Raulin (à droite) et Marie Hermann (à gauche), autrices de NCNM 1977 et 2020
Un livre culte
Puberté, sexualité, maternité : au centre des combats féministes, le corps des femmes. En 1973, le livre Notre corps, nous-mêmes parait aux États-Unis, rédigé par un collectif de femmes : véritable manuel de témoignages, d’informations et de réflexion, il est adapté dans 35 langues, dont le français en 1977. Une version réactualisée vient de paraître : retrouvons les auteures qui ont participé à l’aventure éditoriale de 1977 et de 2020 !
Corps contre corps, 50 ans de luttes féministes
Notre corps, nous-mêmes est une histoire de transmission. De femmes à femmes, : la transmission d’expériences corporelles, du lien intime qui nous relie à nous-mêmes. Car le corps n’est ni objet pur, ni sujet pur. « Comment le corps qu’on a peut-il devenir le corps qu’on est ? » s’interroge la philosophe Anne Dufourmantelle. le corps est une expérience sensible sur laquelle nous avons un besoin vital de mettre des mots; C’est de quoi ce livre unique témoigne : des bienfaits de la prise de parole des femmes.
Instrumentalisé par une société de consommation qui fige les populations en catégories marketing, notre corps subit de plein fouet les vicissitudes du temps. Exhibé sous tous les angles, moqué, commenté, caché, mis en compétition, voilé, fardé, soigné, maltraité, drogué, prostitué, caressé, aimé, fantasmé, source de plaisir et de souffrances,désiré et désirant, le corps gagne à être ressenti, comme « un nœud de significations vivantes » (Merleau-Ponty), le poète Wendell Berry le compare à une œuvre d’art.
En quoi les corps féminins constituent-ils un sujet différent des corps humains tout court ? Parce qu’ils ont toujours fait figure d’anomalies ; la norme est celle du masculin. Les questions exclusivement féminines (règles, grossesse, accouchement, allaitement, cycles, ménopauses, sexualité féminine…) sont longtemps demeurées taboues. En arrière-plan, « les affaires de femmes relevaient du genre » (Illich). Prises en charge par l’autorité médicale, les femmes sont progressivement dépossédées de leur corps. pris en charge par la technologie, ils ne sont plus qu’abstractions, statistiques, courbes et pixels auxquels il faudrait se conformer.
C’est face à cette dépossession qu’il semble important de s’interroger sur ce que nous voulons transmettre, sur cette chaîne de vie qui relie les femmes depuis l’aube de l’humanité. Donner de la voix, reprendre la parole sur nos corps, sur nous-mêmes, c’est mettre des mots sur des émotions tues, sur le sentiment d’injustice, sur la joie des combats victorieux, sur l’amertume et la colère devant les crimes perpétrés, sur la formidable force qui nous anime quand nous sommes ensemble.
Rencontres à Bordeaux
Vendredi 6 mars, Université Bordeaux Montaigne (Victoire), 18h30-20h, rencontre-débat « Corps contre corps, cinquante ans de luttes féministes » en partenariat avec Ophélie Rillon, historienne, de l’Atelier Genre (Centre Emile Durkeim & Laboratoire les Afriques dans le monde, Sciences Po Bordeaux), Liza Thalami de l’association Sexprimons-nous et les éditions Hors d’atteinte Un rendez-vous proposé dans le cadre de la Semaine des droits des femmes, Ville de Bordeaux
20h30-22h30 Repas auberge espagnole et lectures, au Samovar, 18 rue Camille Sauvageau
Samedi 7 mars, 11 h
Rencontre à la librairie la Machine à lire avec Anne Raulin, Collectif 1977 et Marie Hermann, collectif 2020, éditrice
Machine à musique Lignerolles, 13-15 rue du Parlement Sainte Catherine- 33000 Bordeaux
Manifestante, 8 mars 2020 Bordeaux
université de Bordeaux, 6 mars 2020, rencontre NCNM
Face au réchauffement climatique, à la pollution grandissante et au saccage de la Nature, la philosophie interroge le rapport de l’homme au monde. Après Jacques Ellul, Bernard Charbonneau et Ivan Illich, nous vous proposons d’entrer dans l’œuvre de Thoreau (1817-1862), penseur désobéissant, père de l’écologie américaine naissante et inspirateur des modes d’actions de Gandhi et Martin Luther King.Construire sa cabane pour vivre au cœur de la forêt, désobéir à un gouvernement esclavagiste, rechercher en soi la confiance comme source de l’action vertueuse: Thoreau nous aide à penser le présent, dans une perspective écologiste plus que jamais féconde.